Située aux confins de trois départements (Eure, Yvelines, Eure-et-Loir) et de trois régions (Normandie, Ile-de-France, Centre), la commune compte 904 habitants (population totale au 1er janvier 2017, chiffre INSEE).
En janvier 2016, 923 habitants ont été recensés.
En 2006 a été inauguré un restaurant scolaire qui reçoit en moyenne une soixantaine d’enfants.
2 salles de classe de l’ancienne école ont été rénovées en 2011.
Villiers c'est aussi des activités culturelles et sportives :
- Le club de football accueille les joueurs seniors de la coupe NOVA et maintenant des enfants des équipes du club F.C.G.B.C.B. (Bueil/Breuilpont/Garennes/La Couture Boussey) dont font partie des enfants de Villiers.
- Le club de tennis, dès les beaux jours, vous attend sur son court proche du stade.
- Créé en mars 2015, l’Entente cycliste villiéroise (ECV), a clôturé sa seconde saison avec de belles performances à son actif. Le jeune club compte déjà une quarantaine de licenciés avec de nombreuses victoires individuelles et plusieurs titres de champion. La section VTT organise des randonnées chaque samedi de 14 h à 16 h destinées aux jeunes et aux adultes.
- Le comité des fêtes organise bon nombre d'activités très diversifiées tout au long de l'année.
- L’association « Villiers Culture et Musique » (V.C.M.) organise des cours de piano et de guitare, d’initiation à l’informatique ainsi que la réalisation de concerts.
- L'association Temps libre et jeunesse - regroupant les communes de Villiers, Bueil, Breuilpont et Merey - offre aux jeunes de nos villages diverses activités hors temps scolaire (dans le cadre d'un contrat "temps libre" signé avec la Caisse d'Allocations Familiale). Au 1er janvier 2003, cette association est reprise par la CAPE jusqu'à la création de la S.N.A. (Seine Normandie Agglomération) au 1er janvier 2017 dans le cadre de la compétence "qui lui incombe.
Villiers est un village fleuri (1ère fleur en 2011), chargé d'histoire comme en témoigne la présence d’une église dont les bases datent du XIème siècle (inscrite monument historique et d'une Commanderie des Templiers (devenue propriété privée) sur le territoire du hameau de Chanu. La chapelle est classée monument historique. C'est également sur ce site que vous pouvez admirer la Chapelle Saint-Pierre (XIIème/XIIIème siècles), dont les murs extérieurs sont magnifiquement restaurés depuis 2002.
Vous pouvez agrandir les photos en cliquant dessus
Le nom de la commune a connu de nombreuses orthographes au fil du temps. La plus ancienne datant du XIIIème siècle:
"Villariis in Diane Silva".
La commune de Villiers dans sa forme actuelle correspond à la réunion des communes de Villiers en Désœuvre, Chanu et Heurgeville décidée par le roi Louis Philippe en 1844.
L'histoire de Villiers et de ses hameaux est racontée par Monsieur Pierre MOLKHOU dans un livre écrit à la demande de la Mairie dont le titre est: "Les Confluences de la Mémoire".
Voir plus loin un développé de l'origine du nom de "VILLIERS EN DESŒUVRE"
MAIRIE La Mairie située jusqu'en 1980 dans la partie ancienne de l'école occupe depuis l'ancien Presbytère.
Le 30 décembre 1844, le Roi Louis Philippe a ordonné la réunion des trois communes de Heurgeville, Chanu et Villiers en Désœuvre en leur garantissant leurs droits particuliers
Les Maires depuis 1950 :
1950-1971 : M. Pierre ALLORGE
1971-1989 : M. Pierre AUBE
1989 -2008 : M. Daniel VANHALST
Depuis 2008 : M. Christian BIDOT
EGLISE SAINT NICOLAS:
Saint-Nicolas, protecteur de l'église de Villiers, fut évêque de Myre en Asie Mineure au IVè siècle.
Le début de la construction de l'église daterait de 1225 sur les bases d'un édifice du XIe siècle. Les extensions durèrent jusqu'au XVIIIe siècle. Dans les années 1980, le toit du clocher a été descendu, refait puis replacé à l'initiative de M. AUBE maire de l'époque et de son conseil municipal. Une magnifique croix fleurdelysée en fer forgé datant du XVIè siècle replacée en 1982 surmonte le clocher de la tour. L'édifice sans la croix atteint une hauteur de 39mètres. Ses dimensions intérieures: 25 m de long x 18,20m de large. Le coeur fait 8,40 mx 7,65 m
La cloche baptisée Saint-Nicolas a été bénite en octobre 1788 par Messire Simon BAUDOIRE, curé de cette église et prieur de Bonne Nouvelle. La deuxième nommée Angélique Victoire a été bénite en octobre 1828 par Monsieur Pierre Noël COQUELIN, chanoine de la cathédrale d'Evreux, ancien curé de ce bourg . La troisième appelée MARIE fut bénite en octobre 1829 par Monsieur Jean Louis COUDEVILLAIN, curé archiprêtre des Andelys et chanoine honoraire de la Cathédrale d'Evreux. Ces deux dernières cloches furent fabriquées avec celles des anciennes églises de Chanu et d'Heurgeville .
Le cimetière communal qui entourait l'église comme dans bien des villages de France fut déplacé en 1853. Les tilleuls qui ombragent les abords de l’église furent plantés en 1936 et depuis quelques années l'accent est mis sur le fleurissement.
L'Eglise St Nicolas possède un orgue en tribune en bon état. D'esthétique romantique datant du XIXe siècle,il fut restauré de 1994 à 1996 par Monsieur Bernard Hoche qui nous a rédigé un article sur son histoire et sa description en fin de chapitre.
Cet orgue est doté d'un clavier et de 4 jeux.
Deux nouveaux vitraux réceptionnés en décembre 2003 et ayant reçus l'agrément des Bâtiments de France et de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) ornent maintenant la façade coté Grande Rue.
Ces vitraux ont été réalisés par Jean-Pierre Tisserand, maître verrier à Evreux .
4124 pièces sont assemblées au plomb, l'ensemble étant soudé à l'étain. Cette réalisation a nécessité le travail de 2 personnes pendant 4 mois dans les ateliers d'Evreux.
Pour plus de détails, se reporter au bulletin de janvier 2004
La venelle reliant la rue des Tourelles à la place Saint Nicolas.
LA TOUR : La tour, dernier vestige d'un château fort antérieur à l'an mille et restaurée en 1840 pourrait être à l'origine de l'expression "en des oeuvres", les oeuvres étant au moyen âge le château et son enceinte.
C OMMANDERIE DE CHANU : La Chapelle de la Commanderie date du milieu du XIIè siècle, elle fut restaurée à partir de 1990 par se actuels propriétaires.
La chapelle est classée à l'inventaire des monuments historiques depuis 1992.
Le logis et les autres bâtiments de la Commanderie furent reconstruits à la fin du XVè siècle. Les Hospitaliers héritèrent de la Commanderie et de ses terres au début du XIVè siècle
EGLISE SAINT PIERRE : L'église St Pierre est située à Chanu près de la Commanderie.
Les murs de l'église ont été rénovés en 2002 suivant les indications de l'architecte des bâtiments de France pour un montant de 39022,81 euros
CHAPELLE DE BONNE NOUVELLE : Cette chapelle située au Hallot et consacrée à la Vierge le 31 mai 1898 a été reconstruite à l'emplacement d'un ancien oratoire consacré en 1519, lui-même succédant à une chapelle du XIIIème siècle.
La chapelle de Bonne Nouvelle possède trois autels symboliquement édifiés sur trois départements: Eure, Eure et Loir et Yvelines.
LAVOIR DE GREZ :
Le village possède encore dans ses hameaux des lavoirs qui ont été remis en état par la Mairie.
Origine du nom de Villiers en Désœuvre.
Le plus ancien document connu sur le nom de Villiers en Désœuvre est une chartre du 1er juin 1225 conservée aux archives de l'Eure (G.1499) dont voici le texte :
"Noverint universi tam presentes quam futuri qd ego Emmelina de Halot dedi et concessi in perpetuam Elemosinam pro salute anime mee et antecessorum meorum Deo et Beato Nicholas de Villariis in Diane Silva ad luminanarium unius lampadis continue ardentis ante altare Dei Genitrecis Marie, totum tenementum quod Robertus Monachus (Robert Lemoine) tenet de me, apud Sanctum Caraunum (Saint Chéron).
Ce texte mentionne Villiers en Désœuvre comme "Villares in Dianae silva" et Saint Chéron comme Sanctum Caraunum. Par cet acte, Emmeline de Halot, sans doute veuve, fait don à l'église Saint Nicolas, pour le salut de son âme et de ses ancêtres, d'une lampe perpétuellement allumée devant l'autel de la Vierge Marie à prendre chez un Robert Lemoine à Saint Chéron.
Villares in Dianae silva signifie: les domaines dans la forêt de Diane, que nous appelons aujourd'hui "forêt de Bréval".
Ce nom se retrouve dans le registre paroissial de Chanu à l'occasion du mariage, le vingt neuf octobre 1623, d'un garçon de Villiers avec une fille de Chanu: "Die dominico Octobris vigesimo nono anni 1623, collatum fuit motrimonii sacramentum Joanni Gentil, parrocia de Villaribus in Dianae Sylva, et Nicolea Cotentin, filia Joannis "Canutensi". Nous apprenons ainsi un ancien nom de Chanu qui devait être voisin de Canut.
Villares a évolué en Villiers, ce qui explique l's terminal. Dianae s'est contracté en Dé. Quant à sylva, il a pris avec le temps bien des formes différentes.
Dans notre village, la tournure Cèvre apparaît au douzième siècle: "le vieux château de Guainville paraît, en effet, dès le Xè ou le XIè siècle jusqu'au XVIIIè inclusivement, avoir fait partie des châtellenies et marquisat de Bréval, ainsi que les localités ci-après:...la chapelle de "Bonne Nouvelle" et sa maison presbytérale situées à l'extrémité de la forêt de Bréval, sur le territoire de Guainville, telles que: Gilles, Villiers en Decèvre."
D'un autre côté, "Vers 1112, Orderic Vital nous apprend qu'il consentit et confirma par une chartre datée de Bréval, la donation faite au monastère de Ouches ou Saint Evroult, près de Lisieux, pour aider à son rétablissement de tout ce qu'il possédait sur son fief de Villiers en Décèvre, confirmation renouvelée plus tard par ses fils Robert de Goël et Guillaume Lupel ou Louvrel."
Un acte de consécration de N.D. de Bonne Nouvelle de 1519 mentionne la présence à cette cérémonie de Aignan Viole, preste curé de Villiers en Desserve, de Villaribus in Dianae Sylvâ, ainsi que de Julien Amy, curé de Chanu, rector Canutensis. Cette forme Serve se retrouve chez notre voisin, Dammartin-en Serve, Maître Martin en forêt.
Un autre acte du 26 Août 1602 confère le titre de bienfaitrice insigne de l'ermitage de Bonne Nouvelle à Catherine de La Marck, petite fille de Diane de Poitiers, dame des châtellenies de Bréval, Montagu et Villès-en-Dessevre.
Le 26 janvier 1643, Nicollas Lair épouse à Villiers-en-Desserve, Marguerite Deschamps.
Le 13 août 1696, nouvelle donation à N.D. de Bonne Nouvelle faite par Messire Claude Philibert de Damas, époux de haulte et puissante dame Françoise-Geneviève de Harlay, dame marquise de Bréval, dame patronne de Villiers-en-Dessevre.
Enfin, le 31 janvier 1775, messire Simon Beaudoire, curé de la paroisse de Saint Nicolas de Villiers-en-Dessèvre et chapelain de la Notre Dame de Bonne Nouvelle établit un bail emphytéotique en faveur de Charles Courtaigne le jeune, maçon, demeurant à Villiers.
On a ainsi relevé les noms successifs de:
1112
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Villiers en Décèvre
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12ème siècle
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Villers en Decèvre
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1225
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Villariis in Diane Silva
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1519
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Villiers en Desserve et Villaribus in Dianae Sylvâ
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1602
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Villès-en-Dessevre
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1623
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Villaribus in Dianae sylva
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1643
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Villiers-en-Desserve
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1696
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Villiers-en Dessevre
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1775
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Villiers-en Dessèvre
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19ème siècle
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Villiers-en Désœuvre
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C'est après ces détours que sylva est devenue "sœuvre" et que notre village a pris son nom définitif de Villiers-en Désœuvre.
Cet article a été rédigé par Monsieur A.Courtaigne le 2 janvier 1997 pour l'association "IN DIANAE SYLVA"
LES CHEVALIERS DU CHRIST.
A l'époque où Alexandre et son épouse Théodora décidaient de faire élever une chapelle à l'orée de la Forêt de Bréval, deux nouveaux ordres religieux étaient fondés à Jérusalem en 1118. Le premier, celui des Hospitaliers de Saint-Jean, était chargé de soigner les pélerins; le second, fondé par Hugues de Payens à l'emplacement de l'ancien temple de Salomon, d'où le nom de Templiers qui lui est resté, devait défendre le tombeau du Christ et protéger les pélerins contre les dangers. Les nombreux seigneurs venus combattre en Terre Sainte furent édifiés par le courage des moines chevaliers; ils leur firent don de nombreuses terres et domaines, placées sous l'administration d'un Grand Maître, véritable monarque, qui les organisa en commanderies où ils se replièrent après la prise de Saint-Jean d'Acre en 1291. leur rigoureuse organisation, leur indépendance politique et leur implantation dans toute l'Europe suscitèrent bien des convoitises et des rumeurs que Philippe le Bel mit à profit en faisant arrêter tous les Templiers du royaume en 1307. Emprisonnés et torturés, ils avouèrent les crimes que l'on voulait qu'ils aient commis et six ans plus tard, l'Inquisition envoyait au bûcher le Grand Maître de l'Ordre, Jacques de Molay. Le Temple était aboli; toutes les dettes que la Couronne avait contractées auprès des Templiers furent annulées et tous ses biens furent remis à l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean, devenus plus tard les Chevaliers de Malte. Seul leur trésor resterait à retrouver, leur innocence étant depuis unanimement reconnue.
Conçues selon un modèle unique, les commanderies étaient de vastes exploitations agricoles organisées autour d'un logis seigneurial et d'une chapelle; on en dénombrait cinq, dans les limites actuelles de la Haute-Normandie, et si la plus Importante était celle de Renneville, au sud du Neubourg, la mieux conservée est celle de Chanu. Elle fut fondée au milieu du XIIème siècle sur des terres de médiocre qualité, à proximité de l'ancienne voie romaine sans doute afin d’en assurer le contrôle. IL ne subsiste hélas que peu d'archives sur cette période templière, chose dont se plaignait déjà en 1763 le frère Charles de Guines, commandeur de Chanu. Seule la chapelle, placée sous la protection de Notre-Dame et restaurée à partir de 1990 par ses actuels propriétaires, monsieur et madame Charrier, puis classée à l'Inventaire des Monuments Historiques en 1992 remonte au XIIè siècle. Ce petit édifice roman de plan rectangulaire aux lignes strictes, aux ouvertures étroites, aux murs épais épaulés par une petite tour carrée permettant d’accéder à des combles d’origine, est surmonté par un modeste clocher poursuivant le pignon. Il s’en dégage une impression générale de robustesse et d’austérité invitant au recueillement. Le regard reste attiré par des colonnettes. Le logis et les autres bâtiments furent des colonnettes. Le logis et les autres bâtiments furent quant à eux reconstruits à la fin du XVè siècle sous a direction de frère Nicolas Louchart, commandeur, car ils avaient été endommagés au cours de la Guerre de Cent Ans.
Lorsque les Hospitaliers reçurent la Commanderie au début Du XIVè siècle, ils héritèrent d'un domaine de plus de 130 hectares que le Templiers avaient constitué par des défrichements et des dons en terre. Il allaient dès lors la transformer progressivement en une véritable seigneurie en étendant leurs droits et leurs domaines. Celle-ci courait sur les paroisses d'Heurgeville et de Chanu ainsi que sur le fief du Hallot et le fief Bataille, situé dans les paroisses de Bueil, Chanu, Villiers et Saint-Chéron. Le commandeur, véritable seigneur temporel, y possédait un droit de justice, percevait de nombreuses rentes en nature ou en argent tels les dîmes et le champarts. Il possédait aussi une grange dîmière à Heurgeville qui lui permettait d'entreposer une partie des récoltes perçues, ainsi que deux moulins situés un peu au nord de Chanu et certainement reconstruits à la même époque que le logis seigneurial. Ces deux moulins à eau, alors connus sous les noms de Moulin d'en Haut et de Moulin d'en Bas étaient loués par les Hospitaliers. Peu nombreux, ces derniers préféraient en effet tirer des revenus de leurs terres plutôt que de les exploiter directement; ils les affermèrent progressivement et aux XVIIè et XVIIIè siècles leur domaine avait diminué de moitié. Seigneur spirituel enfin, le commandeur nommait les desservants des paroisses d'Heurgeville et de Chanu et un passage aujourd'hui dans le mur mitoyen séparant la Commanderie de l'église Saint-Pierre lui permettait d'y accéder directement. Si les noms des différents commandeurs qui se succédèrent à partir du XVè siècle sont connus, ceux de la période templière sont aujourd'hui oubliés à l'exception du frère Simon de Quincy qui dirigeait la Commanderie à la fin du XIIIè siècle au moment où les Templiers se replièrent en Europe. Parmi les plus célèbres sans doute faut-il retenir les noms de Claude de la Sangle, commandeur de 1525 à 1533, qui devint le Grand Maître de l'Ordre en 1554 et d'Albert de Roncherolles, commandeur de 1672 à 1697, issu de la famille des seigneurs de Pont Saint-Pierre qui portait le titre de Premier Baron de Normandie. Le dernier commandeur le frère François de Lombelon des Essarts, résidait peu à Chanu et la Révolution vint le surprendre à son domicile parisien juste avant que la Commanderie ne soit déclarée bien national et vendue.
Le chapitre "Les chevaliers du Christ" est extrait du livre "Les Confluences de la Mémoire" consacré à l'histoire de Villiers a été conçu en 1996 à la demande de Monsieur le Maire et de son conseil municipal par Monsieur Pierre MOLKHOU, historien qui a à ce jour réalisé de nombreux ouvrages sur d'autres municipalités. Nous diffusons cet extrait sur notre site avec son aimable autorisation. Ce livre distribué à tous les habitants de Villiers en 1996 est consultable dans son intégralité à la Mairie de Villiers en Désœuvre.
Histoire et description de l'orgue de Villiers en Désœuvre.
L'origine de l'orgue de l'église Saint Nicolas de Villiers en Désoeuvre a été trouvée grâce à un prospectus comportant, comme références, une liste des travaux de la manufacture d'orgues des frères Damiens. Cette origine est confirmée par la très grande similitude de facture avec d'autres orgues qui eux, sont signés, ceux de Frênes l'Archevêque par exemple.
En effet, il ne comporte ni à l'extérieur, ni à l'intérieur malgré une minutieuse recherche au cours de la restauration de la moindre inscription.
En ce qui concerne les frères Damiens, Jean Michel Bouvris, d'Alençon, a publié une remarquable étude .
Une restauration a été faite en 1894 par les frères Eugène et John Abbey (fils de John Abbey facteur d'orgues d'origine anglaise qui exerça en France de 1827 à 1851 et construisit notamment l'orgue de choeur de la cathédrale d'Evreux).
Cette restauration,probablement nécessaire pour réparer des registres rompus, a mis l'instrument au goût du jour, c'est à dire que les tuyaux ont été recoupés, entaillés et décalés, et la pression augmentée de 70 à 83mm d'eau, afin de rendre plus fort, ce qui a profondément altéré la qualité sonore.
On peut trouver dans le numéro du 13 octobre 1894 de la semaine religieuse du diocèse d'Evreux, le compte rendu de l'inauguration:
"Villiers en Désœuvre- Le dimanche 30 septembre restera un jour mémorable dans les souvenirs de cette paroisse. Dès la veille au soir les joyeux carillons des cloches annonçaient la fête solennelle du lendemain.
Depuis de longues années, le grand orgue était abandonné; il gisait sans voix dans la tribune. Grâce au zèle et aux nombreuses démarches de M. le Curé, et au talent de MM. Abbey, de Versailles, il a reçu une complète restauration.
La cérémonie d'inauguration, présidée par M. l'abbé Demarest, archiprêtre de la cathédrale, a commencé à 2h.1/2 , devant une foule si nombreuse que la vaste église de Villiers ne pouvait la contenir. M. le maire occupait une place d'honneur. Après le chant des Vêpres, M. l'abbé Herpin, curé doyen de Pacy, a adressé à cette belle assemblée un magistral discours, écouté avec toute l'attention et tout l'intérêt qu'il méritait.
Monsieur l'archiprêtre procède alors à la bénédiction, et l'orgue se fait entendre. Il est tenu par M. l'abbé Lancelevée, maître de chapelle de la cathédrale; c'est dire qu'il a donné ce qu'un véritable artiste pouvait en tirer. Honneur aux facteurs à qui nous devons une si complète et si remarquable restauration.
Au salut, l'organiste déploie toutes les ressources de l'instrument pour accompagner successivement M. le curé de Breuilpont et la petite maîtrise de Villiers remarquablement exercée.
"Le ciel a visité la terre" a été chanté pour terminer par l'abbé Thorel. C'était bien la parole de circonstance: Car ces quelques heures avaient été pour tous les assistants des heures du ciel. Éloquence, voix de l'orgue, chants harmonieux avaient concouru à l'envie à faire de cette inauguration une cérémonie inoubliable."
Il a probablement été utilisé pendant au moins vingt ans, en raison d'autres ruptures de registres.
Les registres sont des règles plates, coulissantes par l'action de l'organiste sur les tirants et percées de trous, qui permettent l'admission du vent dans l'ensemble des 54 tuyaux d'un jeu, correspondant aux 54 touches du clavier; pour éviter l'effet désastreux d'une fuite à ce niveau, les frères Damiens ont pratiqué des entailles transversales dans ces registres, provoquant ainsi autant de points faibles, que des brutalités n'ont pas manqué de faire céder à différentes reprises, mettant ainsi l'orgue hors d'usage. A part ces points faibles, la facture est d'une grande qualité.
Lorsque je l'ai visité avec Daniel Vanhalst, maire, il y a plus de dix ans, le son rare des tuyaux de bois qui parlaient encore, m'ont fait soupçonner une qualité sonore exceptionnelle, mais une restauration était urgente: En effet, outre les ruptures de registres déjà évoqués, des vers avaient entamé les tuyaux de bois avec appétit, il manquait 47 tuyaux d'étain ( les plus petits, qui peuvent servir de sifflets), le clavier était tout déformé et coincé, les placages d'ivoire des touches avaient en partie disparu, plusieurs panneaux de bois du buffet manquaient, la soufflerie (à main) fuyait de partout, les tuyaux qui restaient n'étaient pas à leur place et beaucoup avaient été détériorés.
J'ai ainsi proposé de me charger de la restauration, pour pouvoir l'entendre. Le travail était important et a été fait de juin 1994 à mai 1996, avec la bénédiction de la municipalité propriétaire et son financement pour les matériaux, et l'aide de Dom Bedos (ouvrage de base pour la facture d'orgues). Le buffet a été restauré par Jean Pierre Billaux, ébéniste à Hécourt.
Les noms des notes étaient inscrits sur les tuyaux, qui ont ainsi pu retrouver leur place d'origine; le diapason a été retrouvé: 430Hz à 18°, et rétabli, la pression ramenée à 70mm d'eau, les tuyaux ont ainsi leur longueur originelle, donc leur sonorité. Les 47 tuyaux manquants ont pu être refaits à l'identique grâce aux tuyaux voisins et aux trous des faux sommiers, qui sont des planches fines en chêne maintenant les tuyaux.
Il s'agit donc d'un petit instrument d'un seul clavier et quatre jeux: un bourdon en bois, qui est constitué de 54 tuyaux bouchés, un dessus de flûte, de 42 tuyaux, un prestant, 54 tuyaux qui sonne à l'octave au-dessus, et un jeu d'anches: clairon dans la basse et hautbois dans le dessus. Il est actuellement, à part l'adjonction d'une soufflerie électrique, tel que l'avaient construit les frères Damiens.
Il a été inauguré avec moins de pompe qu'en 1894, mais sûrement plus d'intérêt musical, le 16 juin 1996 à 15h00 avec des pièces de J.S. Bach, jouées par Antoine Joly, avec la collaboration d'Yves Nicolas à la flûte (il est toujours possible de baisser les instruments solistes d'un peu moins d'un quart de ton pour s'adapter au ton de l'orgue, d'ailleurs variable avec la température).
Plusieurs musiciens, dont deux membres du comité technique des orgues de Haute Normandie, l'ont beaucoup apprécié. C'est l'un des rares survivants dans leur état d'origine des travaux des frères Damiens.
Il reste actuellement (octobre 2005), en excellent état.
Bernard Hoche.